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L’« ÉMINEMMENT FRANÇAIS »

quer immédiatement l’envoi des lettres patentes substituant au nom de Comédie-Italienne celui d’Opéra-Comique. Dès lors, la farce alterne avec le sérieux, et la gaieté de Grétry, qui se donne libre cours dans le Tableau parlant, dans l’Épreuve villageoise, se mêle, dans Richard Cœur de lion, au pathétique le plus intense. Et le genre prend une ampleur nouvelle quand, au théâtre Feydeau, dirigé par Cherubini, Dalayrac, Berton, Kreutzer, Méhul (Méhul si glorieusement) aident, écoutant la clameur des émeutes, à l’évolution de leur art, évolution qui ressemble fort à une révolution.

Et c’est toujours la marche en avant que rien n’arrêtera. Chacun de ceux qui la mènent transforme le genre selon son tempérament, son esprit, son cœur. Boïeldieu, avec la Dame blanche, l’un des chefs-d’œuvre les plus justement célèbres de l’opéra-comique, unit la grâce aimable et galante, la délicatesse et la distinction à une exquise poésie mélodique et harmonique ; Hérold, avec le Pré aux Clercs, donne à l’orchestre une couleur, une vigueur nouvelles et prête à quelques-uns de ses personnages un relief surprenant ; Auber, avec le Domino noir, n’obéissant qu’à son caprice, qu’à son désir d’amuser et de s’amuser, jette dans la circulation des rythmes joyeux, précis, faciles et en-