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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/250

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

un remerciement de la terre heureuse, pour s’élever jusqu’au ciel ; les ingénus et pieux couplets de Benjamin ; le dialogue de Jacob, qui ne reconnaît pas son fils, et de Joseph, qui ne peut encore tomber dans les bras du vieillard ; la scène religieuse, empreinte d’un si large sentiment populaire ; l’affectueux duo de l’aveugle et de l’enfant ; la chaleureuse réconciliation familiale précédée de l’énergique malédiction paternelle, morceaux d’étonnante, de souveraine, de prodigieuse splendeur, où la vie des êtres et des choses, des hommes, des bêtes, des champs et des bois est exprimée dans la langue musicale la plus ferme, la plus sobre, la plus éloquente, et, j’y insiste, la plus définitive.

L’Opéra a voulu reconquérir Joseph, que Duval — je l’ai dit — lui destinait primitivement et que Méhul — je le répète — lui refusa. Mais un « drame en prose, mêlé de chant » est injouable à notre Académie nationale où la parole toute nue n’a pas droit de cité. L’auteur étant mort depuis quatre-vingt-deux ans et renonçant ainsi à protester, on a donc demandé à M. Bourgault-Ducoudray de « mettre au point » la partition. J’ai pour ce compositeur, pour son caractère, pour son œuvre, une très sincère, très haute, très fervente estime. Je me réjouirais de