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JOSEPH

réentendre sa Thamara, un des ouvrages vraiment originaux, curieux et significatifs de l’époque présente, et je suis convaincu, le connaissant comme je le connais, qu’en acceptant cette tâche il a cru servir le maître qu’il aime, qu’il admire, je le sais. Je suis convaincu aussi qu’il s’est trompé. Il a employé, pour son travail, les principaux thèmes de l’œuvre qu’il a rappelés et les solfèges écrits par Méhul à l’intention des élèves de notre Conservatoire. Mais rien que ce rappel des thèmes est déjà en contradiction absolue avec la manière du vieux musicien et l’on est quelque peu étonné de voir Benjamin accompagné de son leit motiv, leit motiv emprunté à une des leçons de ces solfèges. Les récitatifs de M. Bourgault-Ducoudray, trop modernes, trop lourds, trop longs, ne relient pas seulement les divers morceaux de la partition, ils s’introduisent entre les trois strophes de l’hymne à la nature, superbes par leur isolement, par les silences qui les séparent, autant que par leur beauté propre. Enfin le songe de Jacob, déclamé jadis, forme maintenant un « numéro » important, de valeur évidente, d’intérêt incontestable, et qui cependant me chagrine en me laissant croire que Méhul, mon cher et grand Méhul put passer à côté d’une situation sans la remarquer, sans la traiter. Je m’obstine