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TRISTAN ET ISEULT

monies de la mort et aussi par les thèmes entendus lorsque Brangaine, la fidèle suivante d’iseult, envoyée par elle, vient chercher Tristan.

En paroles embarrassées, celui-ci s’excuse d’abord et son vieil écuyer Kurvenal, comme un défi, jette à pleine voix l’orgueilleuse chanson de Cornouailles qui dit la défaite de l’Irlande et le combat où Tristan tua Morold, le fiancé d’Iseult. Et, tandis que Brangaine retourne vers sa maîtresse, le rude refrain de l’héroïsme de Tristan retentit encore, repris par tout l’équipage.

Alors éclate la douleur furieuse de la fière fille blessée, Atteint par l’épée de Morold, Tristan vint autrefois demander la guérison à sa science des baumes et des philtres. Au lieu de frapper, comme elle l’aurait dû, le meurtrier de son fiancé et le vainqueur de sa patrie, elle fut prise de pitié lorsque le regard du désespéré monta vers elle, et ne vengea point Morold.

Les thèmes se croisent, se déforment, s’entrechoquent jusqu’au cri de malédiction « Mort à nous deux ! » Car Iseult a désigné à Brangaine, dans le coffret aux antidotes, le breuvage empoisonné qu’elle partagera avec l’homme qui la vendit à Marke,