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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/81

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TANNHÄUSER

l’insistance du noble et héroïque Wolfram d’Eschenbach — héroïque, car il se sacrifie — il faut qu’il invoque le désespoir de la pure Élisabeth pour décider Tannhäuser à les suivre. Celui-ci reverra donc la nièce du landgrave. Un septuor de prodigieuse allégresse termine cet acte, et la vallée, en l’intensité accrue des airs de chasse, s’emplit de jubilation.

Élisabeth, dans la grande salle de la Wartburg, nous en apporte l’écho. Deux scènes successives, de forme très classique et où domine l’influence de Weber, posent le caractère ingénu et tendre de la jeune fille. Un hautbois exprime là délicieusement le trouble et la timidité après que des harmonies lentes, de grave tristesse, ont fait pressentir la rédemption sublime. La phrase d’aveu, dite d’abord en la douceur pénétrante et chaste des violons avec sourdines, passant ensuite dans la voix, est d’une beauté qui rappelle certains thèmes de Beethoven. La marche, aux sonorités vrillantes de trompettes, si souvent jouée partout, précède le concours organisé pour fêter Tannhäuser. Wolfram chante l’amour pieux, résigné, de sévère et généreuse essence. Mais un souffle brûlant a passé dans l’orchestre. L’amour est le feu qui sans cesse renaît, qui consume les hommes et dévore le monde. Le chevalier de Vénus, en sa folie orgueilleuse,