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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/98

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

voix de mystère et d’au delà lui répondent. Dans un monologue, dont Berlioz s’est plus d’une fois souvenu en écrivant la Damnation de Faust et dont la liberté de forme est étonnante, — j’insiste de nouveau là-dessus, — Orphée décrit l’enchantement du divin séjour. Les violons, avec lui, disent le murmure éternel des eaux fuyantes ; le hautbois, mettant au tableau une touche de vert pâle, chante la joyeuse floraison des jeunes pousses printanières, les flûtes gazouillent ainsi que des oiseaux célestes… Mais voici Eurydice. Avant qu’un mot soit prononcé, la main d’Orphée sera dans la sienne et les deux amants sortiront de ce paradis sans s’être regardés.

Cependant, au seuil de la vie recommençante, Orphée ne peut plus se contraindre ! Il manque à sa promesse et Eurydice, pour la seconde fois, lui est enlevée. Sa déploration, connue de tous ceux qui me lisent, surpasse en splendeur tragique les beautés des actes précédents. L’Amour lui rend Eurydice et, devant le temple adorable de Vénus indulgente, un doux chœur d’apothéose chante la gloire dû dieu ailé et charmant de Paphos et de Gnide.

À la dernière reprise du chef-d’œuvre, un miracle s’est produit. Grâce à M. Albert Carré, le nouveau directeur de l’Opéra-Comique, l’ac-