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LA FOLLE EXPÉRIENCE

faire, une fois achetée la dôpe. Ce vide, cette solitude le menaient à une vague religiosité, et il se décida à tenter l’abbé Grégoire : « S’il n’est pas couché ».

L’abbé n’était pas couché, mais il y avait quelque chose d’anormal : c’était le ceinturon que l’abbé avait enlevé.

L’abbé fut très courtois, le conduisit dans son cabinet et s’assit pour écouter Philippe. Il souriait :

— Ça ne va pas mieux ?

Philippe ne connaissait l’abbé Grégoire que pour être venu chez lui une seule fois le féliciter hypocritement de son dernier livre, et le taper. L’abbé l’avait bien reçu, avait causé longuement avec lui et l’avait entretenu familièrement de ses travaux, dont Philippe avait ri le lendemain dans la taverne avec ses amis, lorsqu’il avait rapporté sa conversation, l’amplifiant et la déformant : on aurait pu croire qu’il était intime de l’abbé Grégoire.

Lorsque Philippe lui dit qu’il percevait bien qu’il était en train de revenir à Dieu, que Bremond avait aidé à cette évolution, l’abbé cessa de sourire. Son visage prit le sérieux professionnel. Il semblait à Philippe qu’il avançait le corps, qu’il rapprochait son fauteuil de sa chaise pour l’entendre en confession. Philippe poursuivait : « Je sens qu’il y a du divin dans le monde… » Tout de suite, il eut honte de la banalité, d’autant que l’abbé disait :