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DE PHILIPPE

Si je mourais sans m’être confessé, avec cette contrition très imparfaite, je serais damné…

Le Père Chartrand se mit à rire :

— Ce ne sont pas nos craintes qui font le jugement de Dieu. Et vous connaissez-vous bien ?

Alors Philippe avoua que, tout à l’heure, il avait menti, qu’il ne croyait pas, et il défila toute une vie de turpitudes…

Le Père lui fit signe de s’arrêter, un peu triste :

— Puisque vous avez faim, je vais aller vous chercher des sandwichs…

Et il partit en souriant de nouveau.

Lorsque Philippe, en sortant du couvent, jeta les sandwichs dans la rue, il éprouva un sentiment de sacrilège aussi vif que s’il eût profané une hostie.

Philippe aurait voulu revenir sur ses pas, dire au Père Chartrand qu’il était vraiment chrétien : « Je viens de voir un chrétien véritable, j’ai touché le christianisme de mes doigts, cela existe… » Il était si troublé qu’il en oubliait et la jaune et toutes ses démarches.

Un homme l’abordait. Ce n’était pas un voyou, l’air gouailleur cependant ; Philippe ne le connaissait pas :

— Je vois qu’on ne réussit pas à apitoyer ces profiteurs.

Sans doute, faisait-il allusion à la défroque minable de Philippe, qui ne s’était pas non plus