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DE PHILIPPE

est tellement religieux, tandis qu’en France, avec ce sale gouvernement… Savez-vous ce qui nous manque ? Un roi, d’abord, bien entendu, et, aussi, pour changer l’état de ces esprits pervertis et faussés, des prêtres historiens, comme vous en avez plusieurs, des prêtres qui nous prouveraient notre mission providentielle, qui continueraient le Discours sur l’histoire universelle. Vous, vous êtes chanceux, la lignée de Bossuet ne s’est pas éteinte chez vous, et on sent bien que tout peuple chrétien est le peuple de Dieu. Il y a toujours des Nabuchodonosor qui projettent sa destruction, mais Dieu est toujours vainqueur. Vos écoles séparées sont vos catacombes, mais bientôt vous verrez la victoire du Christ et de vos héroïques maîtresses d’école sur les Anglais et Néron. Amherst, Craig, Colborne, Borden, Meighen, ce sont là vos Néron, et vous avez commencé vos Croisades, lorsque vos héroïques ancêtres allaient brûler les villes de la Nouvelle-Angleterre.

Le séminariste était fier de sa fraîche érudition, et il était si heureux de faire plaisir à Philippe ! Celui-ci s’amusait et, voyant un tapage possible, il ne contredisait pas le naïf. Il renchérissait même :

— Et Madeleine de Verchères est notre Jeanne d’Arc, sans compter que nous n’avons jamais eu de Voltaire pour se moquer niaisement de notre Pucelle.