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DE PHILIPPE

rosaire terminé, elle en avait encore le rire aux lèvres, commençant à réciter son office, elle s’interrompit :

— Ces pas fins, ils prient avec des machines, sans savoir ce qu’ils disent.

Et elle continuait à marmotter :

— « Nous avons entendu dire que l’Arche était en Ephrata, nous l’avons trouvée dans la forêt. »

Un dernier sourire courait sur ses lèvres.

La tante Bertha ne refusa jamais à un prêtre. Les prêtres ont souvent de petits services à demander, comme ces douairières qui ne surent jamais se servir de leurs mains, ou les Grands d’Espagne qui ne se baissent jamais pour ramasser un papier : la tante Bertha n’a jamais su leur refuser. Maîtresse servante platonique du docteur, c’était la servante au grand cœur. Il y avait le porte-coton de Sa Majesté, qui le torchait avec admiration : le plus modeste vicaire est le Grand Roy pour toutes les Bertha du monde. C’est pourquoi Philippe disait au curé :

— On ne connaît pas de Bertha qui refuse, ça ne s’est jamais vu : quelle meilleure preuve que le prêtre est chaste et que les incrédules le calomnient.

Les rites de la religion et jusqu’aux moindres observances étaient l’étiquette de la cour de Bertha, mais quelle foi que cette foi, se demandait Philippe. Plus tard, revenant sur lui-