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LA FOLLE EXPÉRIENCE

même, il se demanderait : « Quelle foi est la mienne ! » Relativité.

Ce qu’observait Philippe avec malice, à voir l’affairement et l’air distrait de la tante Bertha, c’est que les occupations pieuses de la tante Bertha produisaient les mêmes effets que la jaune naguère chez lui. Philippe n’était pas assez niais pour ne voir dans la religion que l’opium des peuples de Karl Marx, mais il n’en observait pas moins que les œuvres de la tante Bertha lui étaient au moins du parégorique.

Ces petits événements, grands pour la vie de la tante Bertha, se produisirent durant la convalescence de Philippe et coupèrent son ennui. Un aventurier s’était installé au presbytère, cousin du curé, toujours aux petits soins devant lui. Un homme habile qui se mêle d’être dévot l’est deux fois. Il servait pieusement la messe du curé chaque matin, et, lorsque la tante Bertha allait ranger chasubles et manipules, Monsieur le curé lui dit :

— Florent s’occupe de ça.

Bertha allait partir, digérant sa peine, lorsque justement parut Florent :

— J’ai fait ça pour éviter du travail à mademoiselle Bertha (on l’appelait ainsi partout, en souvenir du docteur, où on ne l’appelait pas autrement). Mademoiselle Bertha fait ça mieux que moi.

C’est alors que la tante Bertha s’aperçut que Florent avait une jolie moustache, et cette