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LA FOLLE EXPÉRIENCE

lui fallait se faire inscrire à l’université, et ce n’était plus qu’une question de jours : Philippe avait réussi son baccalauréat, et il avait éludé les questions de son père, si bien que l’autre avait cru qu’il acceptait de devenir médecin.

Ils étaient arrivés chez le père Lanteigne au milieu d’une scène. Madame Lanteigne était morte peu de temps auparavant, et le docteur avait été surpris de ne pas être appelé :

— Elle est morte subitement, on n’a pas eu le temps…

Le docteur trouvait toujours de pareilles raisons pour éviter les humiliations. Il y avait cependant autre chose. Madame Lanteigne, mariée sous le régime de la communauté de biens, avait fait un testament à l’insu de son mari et déshérité sa fille au bénéfice de son fils. Cela avait fâché le vieux, et, maintenant, on procédait à l’inventaire des biens.

Deux notaires se trouvaient là, avec les enfants de la défunte et le vieux qui, déjà, se voyait dépouillé de ses biens.

C’était un grand vieillard, très lourd encore, qui s’était levé, se traînant sur ses cannes. Il ne disait mot, mais, quand on lut le testament de la morte, son visage rougit à éclater, et, s’adressant au notaire, il lui dit, s’étouffant presque :

— Vous m’avez trompé, notaire.

On dut le transporter tout de suite dans sa chambre, où le docteur le suivit.