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LA FOLLE EXPÉRIENCE

au magasin, attendant des réductions, pour en nourrir de nouveaux espoirs.

Or, un matin que Philippe était chez Dufort, la dernière fois que Philippe eut une conversation avec lui (Dufort devait mourir peu de temps après, et sans que Philippe ait même assisté à ses funérailles) il lui donna le prix exact du service à thé, mais c’était pour solder le coût d’un appareil de radio que Dufort venait de s’acheter, afin « de se distraire dans sa chambre », dit Juliette naïvement à Philippe. La tentation le prit auprès du lit, aussi vive que ces bouffées de sexualité qui vous montent au visage.

Comme si toutes ses craintes l’abandonnaient, Philippe désirait en ce moment et Claire et Juliette. Tout était maintenant aisé. Il donna une poignée de main chaleureuse à Dufort et descendit l’escalier à grandes enjambées triomphales. Dans le couloir l’attendait Juliette, qui avait quelques commissions à lui demander. Subitement, il l’embrassa sur la nuque, presque à la dérobée. Elle était interdite et le regardait d’un air triste :

— Je suis trop heureux… Pardonnez-moi, Juliette.

Son désir était tombé, il avait l’air penaud.

— Revenez quand même… Je ne le dirai pas à votre ami.

Elle aurait pu comprendre en ce moment les sentiments de Philippe à son égard et à l’en-