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LA FOLLE EXPÉRIENCE

pas que de la voir tomber dans ce vice lui souciât beaucoup, mais c’était autant de moins.

Ils se mirent à table. Il y avait du vin, trois bouteilles, que Philippe fut étonné de voir sur la nappe. Ils burent sans retenue. Les enfants avaient l’air fatigués et en même temps plus sérieux que de coutume. Ils étaient comme en visite. Du reste, ils portaient des vêtements neufs, et elle disait sans cesse :

— Fais attention à ton couteau… Tu vas te salir… Fais attention, tu vas renverser ton verre…

Le dessert terminé, elle fit :

— Les enfants au lit, maintenant, c’est l’école qui commence demain.

Philippe était déjà très gris, et il allait tomber de fatigue, s’endormir sur sa chaise, comme il faisait si souvent.

— J’ai à te parler. Attends-moi.

Elle alla vers la chambre. Il but un peu, il alluma une cigarette, puis il l’entendit qui l’appelait :

— Viens !

En pyjama, elle était étendue sur son lit. Il vint vers elle, qui, de ses bras, l’entoura, le pressant :

— Assieds-toi, j’ai à te parler.

Ce qu’elle avait à lui dire, avec de longues circonlocutions, c’est qu’elle ne pouvait vivre ainsi de l’air du temps, qu’elle avait essayé de se trouver une situation, et qu’elle épousait ce