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DE PHILIPPE

Dufresne n’était pas à l’hôpital à cette heure.

Il se leva enfin, un peu engourdi. Sans s’en apercevoir, il descendait vers le port. Devant une pharmacie, il hésita, puis entra :

Ce n’était pas son commis qui causait au comptoir. Désespéré, il allait repartir, lorsqu’il entendit l’autre qui parlait au téléphone, dans l’officine. Alors Philippe se mit à feuilleter le bottin et, lorsque le commis eut reconduit l’acheteuse à la porte, il alla à la cabine téléphonique, pour en tirer l’annuaire et chercher consciencieusement d’une main qui tremblait, jusqu’à ce que l’autre vendeur parût :

— Tiens, je vous apporte des journaux français, cette fois…

Le commis les saisissait d’une main avide puis, à voix basse :

— Revenez dans une heure, je serai seul, et je pourrai vous faire crédit…

Philippe cessa de sourire, absent déjà de la conversation qu’entamait le commis à voix plus haute maintenant : Philippe cherchait quelques trucs, son esprit se butait, il ne trouvait rien, et, dans son cerveau désemparé, le vide se faisait. Il allait se pâmer comme un petit enfant. Pourtant, il prit sur lui et, d’un ton à se faire entendre de l’officine, il posa :

— L’article de Maurois sur la reine Elizabeth, je n’ai jamais rien lu de plus obséquieux : les écrivains français, quand ils ne sont pas royalistes pour eux, il leur faut quand même