Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et pour la même raison, nous n’attacherons pas à la question du « style » de Balzac l’importance que je vois qu’on lui attribue encore de nos jours. Le style de Balzac, — dont je crois connaître les défauts aussi bien que personne, pour me les être jadis exagérés à moi-même, sous l’influence de la rhétorique de Flaubert, — ce style, quoi qu’on en puisse dire, est « vivant », d’une vie singulière, à la façon du style de Saint-Simon, par exemple ; et que peut-on demander davantage à un écrivain dont la grande ambition a été de « faire concurrence à l’état civil » ? Il se pourrait d’ailleurs que, depuis cent vingt-cinq ans, la notion même du « style » eût évolué, comme beaucoup de choses, et avec ces choses. Il se pourrait que, de quelque façon qu’il le dise, un bon écrivain fût tout simplement celui qui dit tout ce qu’il veut dire, qui ne dit que ce qu’il veut dire, et qui le dit exactement comme il a voulu le dire. Ce n’est pas toujours le cas de Balzac. Mais, encore une fois, ce n’est là qu’une considération secondaire, une question de grammaire ou de rhétorique ; et le vrai point est de savoir si quelques-uns des défauts