Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/128

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si nous voulons à force, parce qu’en effet, la police y joue son rôle, que ce soit « un roman policier », disons alors qu’un roman policier, quand il est de Balzac, et qu’il s’intitule Une ténébreuse Affaire, passe en intérêt, comme en importance historique, des romans beaucoup plus « distingués », peut-être, tels qu’Adolphe, par exemple, et tels qu’Obermann. Mais ce qu’il est de plus, par rapport aux Chouans, c’est une suite, une continuation, c’est un tableau expressif et représentatif d’un moment historique, précis et déterminé, dont il nous rend à la fois les caractères, les couleurs, et surtout l’atmosphère. Et, pour achever d’un dernier trait la ressemblance, Balzac, dans une scène admirable, a voulu que la fierté de Laurence de Cinq-Cygne s’inclinât devant le prestige de celui qui, ce soir-là, se préparait à remporter le lendemain la victoire d’Iéna, puisque l’Empereur était de ces hommes à l’influence personnelle desquels on ne se soustrait guère, et dont il fallait s’éloigner d’abord, ou ne jamais s’approcher, si l’on voulait conserver à leur égard la liberté de ses rancunes, de ses haines, et de son jugement.