Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/173

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d’imposer aux objets la vision que nous nous en formons, sans essayer de la réformer, sous le prétexte ridicule que nous ne saurions jamais sortir de nous-mêmes, et que, toutes choses n’existant que dans la mesure où nous les percevons, les impressions que nous en recevons en épuisent donc pour nous toute la réalité. Tel Sainte-Beuve, au moins dans ses Portraits contemporains ou dans ses Portraits littéraires, et tel Jules Michelet, dans ses Histoires. Balzac n’est pas de cette école, et précisément, quelque part de lui-même qu’il y ait dans sa Comédie humaine, — souvenirs du collège de Vendôme dans son Louis Lambert ; réminiscences de sa vie d’étudiant dans la Peau de chagrin ; rancunes et rancœurs de son existence d’homme de lettres dans un Grand homme de province à Paris, — s’il est Balzac, c’est en partie parce qu’il ne fait point partie de cette école.

Car, on dira ce que l’on voudra du génie des grands romantiques, et nous-mêmes nous ne leur mesurerons, en toute autre occurrence, ni la louange ni l’admiration, mais leur école a été, de son vrai nom, celle de l’ignorance et de la présomption. Les grands romantiques, d’une