manière générale, ne se sont pas contentés, comme l’on dit, de « croire en eux », ce qui est le droit de tout écrivain, — et Balzac, nous l’avons vu, ne se faisait assurément pas une mince idée de lui-même, — mais ils ont cru que leur génie, lui tout seul, suffisait en quelque sorte à leur tâche ; et c’est justement en quoi leur présomption n’a eu d’égale que leur ignorance. On a pu dire en son temps, fort joliment, de la célèbre madame Geoffrin, « qu’elle respectait dans son ignorance le principe actif de son originalité ». Le mot n’est pas moins vrai de George Sand ou de Victor Hugo que de madame Geoffrin. Je me rappelle encore, sur ce chapitre, l’éloquente indignation de Leconte de Lisle, et j’aimais à l’entendre dire que jamais, dans l’histoire littéraire, une ignorance ne s’était rencontrée qui fût comparable à celle des romantiques. Et, en effet, en dehors de la « littérature » et de la « politique », à quoi les romantiques se sont-ils intéressés en leur temps ? Qu’y a-t-il de plus superficiel que « la science » de George Sand, à moins que ce ne soit « l’érudition » d’Hugo ? et qui se douterait, à les lire, que leur œuvre
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