Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traite, à le traiter comme si personne avant nous ne s’en était avisé, n’y avait rien compris du tout, ou n’en avait rien dit que de parfaitement négligeable. Mais, au contraire, il n’y a rien de négligeable en critique, non plus qu’en histoire ; et les jugements que l’on a portés avant nous sur un Balzac ou sur un Molière, se sont littéralement « incorporés » à leur œuvre, et de telle sorte qu’on ne puisse les en détacher qu’aux dépens de la signification de cette œuvre.

Enfin, et pour achever de caractériser la nature de l’œuvre de Balzac, — on a essayé de montrer qu’une part du génie de Balzac, et non la moindre, était d’avoir compris que le roman, en son temps, n’étant pas constitué comme genre, dans une indépendance entière des genres voisins, tels que le récit d’aventures, et tels que la comédie de mœurs, il suffisait, pour le renouveler, ou, à vrai dire, pour le « créer » de lui assurer, en en posant les conditions, cette indépendance ou cette « autonomie ». Car, je ne sais pas aujourd’hui s’il y a une « hiérar-