Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/198

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ne continuent d’exprimer des « faits ». C’est ici tout ce que je dirai de l’évolution des « genres », dans l’histoire de la littérature et de l’art. Les genres évoluent, ou ils se transforment, c’est un fait ; la transformation ne se réalise qu’en des circonstances et sous des conditions définies, c’est un autre fait ; et enfin c’en est un troisième que, « comme il y a un point de bonté ou de maturité dans la nature », pareillement, il y a un point de perfection dans l’évolution d’un genre.

Le roman de Balzac a plus d’une fois touché ce point de perfection. Il est venu ajouter au roman, tel qu’on le concevait avant lui, précisément ce qui lui manquait pour être le roman, et non le conte, par exemple, ou la nouvelle, ou la comédie. Ce qui avait empêché le roman d’atteindre la perfection de son genre, c’est qu’ayant pour objet, — et par force ou par nature, non par choix, — la représentation de la vie commune, une fausse esthétique lui imposait cette étrange condition de représenter la vie commune en s’interdisant la représentation des éléments qui la constituent. Imaginons des Hollandais, empêchés