prend sa forme extérieure, ou, pour parler plus exactement, les différences de sa forme, dans les milieux où il est appelé à se développer. Les espèces zoologiques résultent de ces dilférences. » Et plus loin : « Il a donc existé, il existera donc de tout temps des espèces sociales comme il y a des espèces zoologiques. » L’analogie est sans doute plus apparente que réelle. Quoi que Balzac en dise, il n’est pas vrai que « les différences qui existent entre un soldat, un ouvrier, un administrateur… » soient « aussi considérables » que celles qui distinguent « le loup, le lion, l’âne, le corbeau, le requin et… le veau marin ». Les « espèces zoologiques » varient-elles ? C’est un point dont nos savants, en dépit de Lamarck et de Darwin, ne tombent pas encore d’accord, un demi-siècle après Balzac. Mais il semble pourtant plus facile de faire, avec un ouvrier, un soldat et même un maréchal de France, — il y en a des exemples dans l’histoire et dans le roman de Balzac, — qu’un lion avec un âne ou qu’un loup avec un veau marin ; et les « espèces sociales » ont une tout autre plasticité que les espèces de la nature.
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