Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/240

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ou de la Cousine Bette, lesquels, je l’avoue, ne sont point des récits

… pour les petites filles
Dont on coupe le pain en tartines ;…


mais qui n’en sont pas moins au premier rang de ses chefs-d’œuvre, et qu’aucun moraliste n’oserait proposer d’en retrancher. Nous conviendrons d’ailleurs que, d’une manière générale, dans la Comédie humaine, les gredins et les scélérats de Balzac, ou ses maniaques, Vautrin lui-même, le Vautrin du Père Goriot, et ses Nucingen, ses Philippe Bridau, ses Grandet, ses Claës, ses du Tillet, ses Gobseck, ses Hulot, ses Marneffe ont une autre allure, et surtout un autre relief que ses « honnêtes gens ». Les honnêtes gens de Balzac ressemblent trop souvent à de pures ganaches : ainsi son David Séchard, — quoique sublime, — ou ses deux Birotteau ; et la vertu de quelques-unes de ses héroïnes, Eugénie Grandet, par exemple, ou Agathe Rouget, ne va pas sans quelque niaiserie. Que dirons-nous encore ? Que son pessimisme « enlaidit la laideur » ; que, dans son œuvre, le crime ou le vice ne sont pas assez