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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/249

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elle des descriptions très complètes, et de dresser des inventaires qui épuisent les caractères des choses. Et il ne faut pas même enfin que le romancier choisisse, pour ainsi dire, entre ses personnages, ni qu’il penche trop évidemment pour les uns ou pour les autres ! Car la sincérité de l’observation et la vérité de la « représentation » s’accommoderaient mal de cette partialité déclarée de l’observateur et du peintre ; et puisque tous les êtres, en tant qu’objets de son observation, sont égaux devant la science, ils doivent donc l’être aussi devant l’art, en tant qu’objets de ses « représentations ». C’est ce que George Sand n’a jamais pu admettre.

Il apparaît ainsi clairement qu’en reprochant à Balzac « l’immoralité » de quelques-uns de ses sujets, ou cette « immoralité » plus subtile, qui consiste à décrire les mœurs de ses « monstres », comme il ferait des objets les plus indifférents, avec le même sang-froid et la même « objectivité », c’est sa conception du roman qu’on lui reproche, et ce qu’on dispute au roman lui-même c’est le droit d’être une « représentation de la vie ». « Quand même la vie serait aussi laide que le dit Balzac, —