Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/250

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écrit à ce propos M. André Le Breton, son dernier biographe, — ce n’est pas à la misanthropie que l’homme de génie a mission de nous conduire, c’est à la pitié et à la résignation. Ou plutôt, sa mission est de nous réconcilier avec cette pauvre vie tant calomniée, de nous rendre les beaux espoirs, les illusions fécondes ; et j’aurai toujours peine à croire que l’optimisme de Corneille et de Hugo ne soit pas supérieur au pessimisme de Balzac. » Je le veux bien ; quoique d’ailleurs ni Théodore, ni Rodogune, ni Héraclius, ni Pertharite, qui sont bien, je crois, de Corneille, ni les romans ou les drames de Hugo, — Notre-Dame de Paris, le Roi s’amuse, Ruy Blas, les Misérables eux-mêmes — ne respirent tant d’optimisme ! Quant à décider, après cela, si « l’optimisme de Corneille et de Hugo » est ou non « supérieur au pessimisme de Balzac », j’entends bien que c’est une question de morale, mais on ne résout pas un problème d’esthétique par une question de morale ; on s’y dérobe ! et il ne suffit pas à la condamnation de la vérité dans le roman que la vérité soit déplaisante, ou même insupportable à voir.