Je prie le lecteur de vouloir bien y faire attention : nous ne confondons point ici, comme Balzac eût voulu qu’on le fît, la science avec l’art ; et nous ne revendiquons point pour le second tous les droits qu’on passe à la première. L’art est une chose, la science en est une autre, et ni leur objet à tous deux, ni leur méthode, par conséquent, n’est la même. Ils ne relèvent point non plus de la même juridiction. Nous admettons encore que, si l’on ne saurait imposer de limite aux investigations et à la curiosité de la science, on puisse au contraire poser des bornes à l’art, et qu’on l’oblige en quelque sorte au respect de certaines conventions. Et nous ajoutons que ce n’est point une pure convention, — quoi que Balzac en ait pu dire, et Taine depuis lui, — si nous refusons ou si nous disputons au romancier le droit d’affecter, en présence de l’homme, la hautaine indifférence du naturaliste en présence de l’animal. Nous disons seulement que tout cela n’est pas la question. La seule question est de savoir si, comme histoire, le roman a ou n’a pas en principe le droit de représenter la vie dans sa totalité. S’il ne l’a pas, c’est bien ! la