Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/253

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d’ensemble de l’humanité. Le modèle, à cet égard, d’un historien parfaitement immoral, c’est le vieux Michelet, avec sa manie de ne voir que des « affaires de femmes » dans l’histoire, où, sans doute, il y en a beaucoup, et souvent de très fâcheuses, mais qui ne sont pas pourtant toute l’histoire, et auxquelles on ne saurait uniquement réduire même l’histoire du règne de Louis XV ou de celui de la grande Catherine. Mais précisément, nous l’avons dit, c’est ce que Balzac n’a eu garde de faire, et ce qu’il convient d’admirer dans sa Comédie, ou pour mieux dire, dans le plan de sa Comédie humaine, c’est l’effort qu’il a fait pour essayer de proportionner le nombre et l’importance de ses études à l’importance réelle des choses. S’il s’est trompé sur le nombre ou sur la vraie nature des ressorts qui font mouvoir les hommes ; s’il n’a pas fait la place assez large aux passions de l’amour ; et s’il l’a faite au contraire trop grande à la haine, à l’avarice, à l’ambition, c’est un autre problème ! Mais il a fait effort pour ne pas se tromper ; la question a cessé d’être une question de morale ; et, sans doute, après cela, ce n’est pas sa faute, mais