Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/259

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manière de concevoir et de représenter la vie, c’est ce qui les choque dans son style, et ils le trouvent, si je puis ainsi dire, scandaleusement « moderne ». Mais les mêmes considérations le justifient toujours, et s’il est « ressemblant », ce n’est pas à lui seul, ni principalement, que nous devrons reprocher sa « grossièreté » ni sa « vulgarité ».

Que l’on dise donc que, depuis cent cinquante ou deux cents ans, de profonds changements se sont opérés dans la structure intime des sociétés modernes ; que le moindre de ces changements n’est peut-être pas celui qui a renversé les rapports des conditions et la hiérarchie des classes sociales ; et que la morale même, toujours immuable en son principe, mais diverse en ses applications, n’a pas pu ne pas subir le contre-coup de ces changements, on peut le dire, il faut le dire, et on aura raison de le dire ! Ce sont ces changements que le roman de Balzac a en quelque sorte enregistrés. Le roman de Balzac est « vulgaire » dans la mesure où la vie s’est elle-même « vulgarisée » depuis deux siècles, en se soumettant à des exigences nouvelles ; et il est « gros-