Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/321

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de Crime et Châtiment, ni celui d’Anna Karénine, qui d’ailleurs lui doivent tant, l’aient surpassé. De quelque point de vue que l’on étudie les romans de Balzac ; et, comme nous venons de le faire, que l’on essaie de montrer ce qu’ils ont en eux que l’on ne trouve qu’en eux, ou, au contraire, et comme on le fait plus souvent, que l’on essaie de reconnaître dans Eugénie Grandet ou dans César Birotteau, dans un Ménage de Garçon ou dans la Cousine Bette, les qualités que l’on considère comme essentielles à tout roman, la valeur en est toujours la même, et on ne peut rien mettre au-dessus d’eux. Ajoutez que ce sont eux qui ont comme déterminé la formule dont le roman ne s’est plus écarté depuis eux qu’à son pire dommage ; et, pour bien sentir le prix de cet éloge, songez que, dans les mêmes années où Balzac donnait Eugénie Grandet et le Médecin de campagne, les romanciers ses émules mettaient au monde, eux, des histoires comme la Salamandre, les Deux Cadavres, ou l’Âne mort et la Femme guillotinée.

Il n’y a pas de gloire plus haute, ni, je le dirai, plus durable pour un grand écrivain, que de s’être ainsi rendu comme inséparable à