Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/34

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de rien de moins que de l’introduction dans le roman du plein sens de la réalité. Si nous nous proposons d’imiter fidèlement la vie, nous ne nierons certes pas qu’elle ait des parties nobles, et qu’elle en ait de vulgaires ou de basses, mais nous reconnaîtrons qu’aucun détail n’est « méprisable », ni surtout « inutile », dès qu’il peut contribuer à nous donner, de quelque manière que ce soit, la sensation de la vie. C’est précisément ce que l’on voyait dans les romans de Walter Scott, et on y aimait justement ce genre de détails. Mais alors, comment et pourquoi, par quelle étrange contradiction, des détails qui semblaient essentiels à la résurrection du passé seraient-ils inutiles à la représentation du temps où nous vivons ? Le « costume, dit-on, ne fait pas l’homme » ; et c’est une question qui vaudrait la peine d’être examinée. Sous le lourd équipement d’un haut baron du moyen âge, un homme de guerre n’est pas le même qu’un élégant marquis de Fontenoy. Et, les « coutumes », à défaut du « costume », croit-on qu’elles n’influent pas sur les mœurs et sur les caractères ?