Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/37

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scrupule d’exactitude que l’on pourrait comparer à celui des peintres de l’école hollandaise, il a comme imposé ce scrupule, par un choc en retour, à la représentation de la réalité contemporaine ; et, de cette littéralité de l’imitation, il a fait comme une loi du genre. Ce qu’il ressuscitait était ce qui jadis avait fait vivre ; ce qui fait vivre aujourd’hui est donc ce qui fera durer dans l’avenir. Voilà la leçon du roman historique ; et voilà pourquoi la fortune de Walter Scott ne pouvait avoir qu’un temps. Il y a ainsi, dans l’histoire littéraire, comme dans la nature, des genres ou des espèces dont la fortune et l’existence même sont liées aux circonstances, à un moment précis de leur évolution, et qui meurent de leur victoire. On ne les fera pas revivre ; le fleuve ne refluera pas vers sa source ; le roman historique n’est pas une espèce fixe de son genre. Mais il a eu son heure et son rôle ; et cette heure, si l’on peut ainsi dire, a duré quinze ou vingt ans en France ; et ce sont les quinze ou vingt ans pendant lesquels s’est élaborée la définition du roman dans l’œuvre d’Honoré de Balzac.