Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/39

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prouvé, du moins, que ce qui n’est pas littéraire soit, et pour cette seule raison, populaire ; et si je crois devoir en faire la remarque, ce n’est pas qu’en assignant au roman de Balzac des origines populaires, je craignisse de lui manquer de respect, ni qu’en distinguant le « populaire » de l’ « antilittéraire », je veuille flatter les prétentions de la démocratie, mais il faut s’entendre sur le sens des mots ; et le mot de « populaire », qui n’exprime que très imparfaitement le caractère des romans de Ducray-Duminil ou de Pigault-Lebrun — Victor ou l’Enfant de la Forêt, Monsieur Botte, Mon oncle Thomas, — n’exprime pas mieux la nature de la dette de Balzac envers ces devanciers oubliés.

Si ce genre de roman, — que caractérisent la complication de l’intrigue, l’atrocité des événements, et je ne sais quelle vibration ou quel tremolo du style, — procède en France de l’école anglaise de Lewis, l’auteur du Moine [1797], d’Anne Radcliffe, l’auteur des Mystères