Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/40

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du Château d’Udolphe [1797] et du révérend Maturin, l’auteur de Melmoth le Vagabond, — c’est ce que je n’examinerai point. Je ne crois pas, d’autre part, avec certains historiens de la littérature, que ce « goût de l’atroce » ait été favorisé ni développé par les événements de la Révolution française. Il faudrait, en effet, pour le croire, n’avoir pas lu les longs romans de Prévost, son Cléveland, qui est de 1734, et son Doyen de Killerine, qui est de 1736. Il faudrait aussi ne pas connaître, ou avoir oublié l’histoire du Théâtre Français, et de quelles horreurs, quand on réduit, même les tragédies de Corneille et de Racine, Rodogune ou Iphigénie, au principal de leur intrigue, l’imagination de nos pères s’est délectée pendant deux cents ans. Il y a encore Atrée et Thyeste, Rhadamiste et Zénobie. Le théâtre de Shakespeare, et celui de Dryden, ne sont assurément pas moins riches en péripéties sanglantes. D’où je conclus que le « goût de l’atroce », est malheureusement intérieur à l’humaine nature ; et j’ai souvent pensé qu’en admirant la tragédie de « purger les passions » Aristote avait voulu la louer de donner le change à