Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/42

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tique de l’art classique, en général ; et je montrerais aisément que, de cette émotion personnelle de l’auteur, on ne trouve pas trace, avant Voltaire et avant Prévost, avant Zaïre et avant Cléveland, dans l’histoire du drame ou du roman français. De quel côté penche l’auteur d’Andromaque, du côté de Pyrrhus ou du côté d’Oreste, du côté d’Hermione ou du côté d’Andromaque ? et de quel côté l’auteur même du Misanthrope, du côté de Philinte ou du côté d’Alceste ; j’oserai demander : du côté de Célimène ou du côté d’Éliante ? Un classique ne « prend parti » que quand les lois du genre l’y obligent, comme Molière dans son Avare ou dans Tartuffe, qui n’auraient plus de raison d’être, s’ils n’étaient une satire, et donc une dérision non douteuse de l’avarice et de l’hypocrisie ; ou quand la donnée morale du sujet l’exige absolument, comme Racine dans Phèdre ou dans Britannicus. On n’a guère vu qu’Ernest Renan qui inclinât du côté de Néron, et Renan ne faisait pas de théâtre.

Pour l’intervention du hasard dans l’intrigue, elle est toujours, aux yeux des grands classiques, la négation même de l’art. Mais elle