Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/68

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dire davantage. Mais, à cet égard, un autre jugement n’est pas moins intéressant à noter, et c’est l’un de ceux qu’il a portés sur Walter Scott. « Voilà douze ans que je dis de Walter Scott ce que vous m’en écrivez, — Madame Hanska venait probablement de le découvrir ! — Auprès de lui lord Byron n’est rien ou presque rien. Vous vous trompez sur le plan de Kenilworth : au gré de tous les faiseurs et au mien, c’est-à-dire de tous les gens du métier, le plan de cette œuvre est le plus grand, le plus complet, le plus extraordinaire de tous. Il est le chef-d’œuvre, sous ce point de vue ; — on remarquera que c’est lui, partout, qui souligne, — comme les Eaux de Saint-Ronan sont le chef-d’œuvre comme détail et patience du fini ; comme les Chroniques de la Canongate sont le chef-d’œuvre comme sentiment ; Ivanhoe [le premier volume s’entend], le chef-d’œuvre historique ; l’Antiquaire comme poésie ; la Prison d’Édimbourg comme intérêt. Tous ont un mérite particulier, mais le génie est partout. » [Lettres à l’Étrangère, 1838, no CXXXIII.] On aime, pour une fois, entendre Balzac parler de son art ! Et les Lettres à l’Étrangère offrent enfin ce