Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/70

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tenté de dire : « entre deux trains », si l’expression n’anticipait un peu sur l’époque. La « correspondance » n’en est d’ailleurs que plus abondante, et encore n’en avons-nous qu’une partie, puisqu’enfin pour deux cent quarante-huit lettres de Balzac, dont quelques-unes sont des volumes, nous n’en avons pas une de madame Hanska ? On aimerait cependant les connaître. Où sont-elles ; et qui nous les donnera ?

Elles nous aideraient peut-être à nous retrouver dans cette histoire d’amour, car, pour les lettres de Balzac, et à l’exception des premières, j’entends celles de 1833 à 1836, je ne puis m’empêcher de trouver que la passion y sonne faux. Je ne veux pas dire qu’elle ne soit pas sincère ! Mais la passion, presque toujours, sonne faux dans les « correspondances » amoureuses des hommes de lettres. Ils sont, presque toujours, en dessus ou au-dessous du ton. Et, dans les lettres de Balzac à madame Hanska, l’aisance est vraiment singulière, pour ne pas dire un peu suspecte, avec laquelle il passe, des protestations les plus ardentes, aux affaires de son intérêt ou de sa vanité littéraire. « Oh ! ma gentille Ève, — lui écrit-il, par