Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/72

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respondance, et, — quoique d’ailleurs Balzac ne se refusât aucune distraction, — de cette longue fidélité ? C’est peut-être et d’abord qu’aimant à conter ses affaires, ce qui n’amuse pas toujours les autres, parce qu’on a chacun les siennes, Balzac avait trouvé dans la comtesse Hanska une confidente incomparable, à laquelle il ne dissimulait rien de ses embarras d’argent, un peu exagérés quelquefois, ni des prodiges de labeur, parfois imaginaires, qui lui permettaient d’y faire face. L’étalage de sa force est un des traits distinctifs du caractère de Balzac, et, pendant dix-huit ans la comtesse Hanska lui a permis d’étaler.

Dirai-je qu’avec cela elle était « la comtesse » Hanska ? une étrangère et une grande dame ? En ces temps de romantisme, c’était un singulier honneur pour un homme de lettres que d’être « distingué » par une étrangère et une grande dame. Balzac y fut certainement très sensible. Peu de ses contemporains pouvaient se vanter d’être aimés d’une « comtesse polonaise ; » et sa liaison, vaguement soupçonnée, avec madame Hanska lui était, parmi les « confrères », comme un