Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/87

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mais qui ne seraient ni moins étroites ni moins certaines quand l’exécution de ce plan serait encore moins achevée qu’elle ne l’est.

Il a d’ailleurs très bien senti que ce caractère organique, — et unique, — faisait l’originalité de son œuvre ; et, tel qu’il était, il n’a point fait difficulté d’en avertir ses contemporains. J’ai vu, souvent citée, cette phrase d’une lettre à sa sœur [1833] à propos d’Eugénie Grandet : « Ah ! il y a trop de millions dans Eugénie Grandet ? Mais, bête, puisque l’histoire est vraie, veux-tu que je fasse mieux que la vérité ? » Et les bons Balzaciens de se récrier sur la force d’illusion que semblent indiquer ces mots, sans observer que, dans une autre lettre, du même temps [fin décembre 1833] et adressée, celle-ci, à madame Zulma Carraud, dont il redoute beaucoup plus le jugement que celui de sa sœur, Balzac s’expliquait en ces termes sur le même sujet : « Je ne puis rien dire de vos critiques, si ce n’est que les faits sont contre vous. À Tours, il y a un épicier en boutique qui a huit millions ; M. Eynard, simple colporteur, en a vingt ; il a eu treize millions en or chez lui ; il les a placés