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Les intendants partageaient les idées des évêques[1]. L’enseignement de l’école, prolongement de celui de l’Eglise, était le moyen de vaincre l’opposition sourde des familles[2]. En 1697, le 22 décembre, Bâville, intendant du Languedoc, avait rendu une ordonnance instituant l’obligation scolaire pour les nouveaux-convertis. Un mémoire de Pontchartrain indiquait les moyens financiers de pourvoir, s’il était nécessaire, à ces créations « ou sur les deniers communs, ou par impositions[3]. »

L’école obligatoire. — Enfin en 1698, la volonté du Maître se fit connaître, souveraine et générale : « Voulons que l’on établisse, autant qu’il sera possible, des maîtres et maîtresses dans toutes les paroisses où il n’y en a point, pour instruire tous les enfants, et nommément ceux dont les pères et mères ont fait profession de la religion prétendue réformée, du catéchisme et des prières qui sont nécessaires, pour les conduire à la messe tous les jours ouvriers, leur donner l’instruction dont ils ont besoin sur ce sujet et pour avoir soin, pendant le temps qu’ils iront auxdites écoles, qu’ils assistent à tous les services divins les dimanches et les fêtes, comme aussi pour apprendre à lire et même à écrire à ceux qui pourront en avoir besoin, le tout en la manière prescrite par l’article XXV de notre édit du mois d’avril 1695, concernant la juridiction ecclésiastique, et ainsi qu’il sera ordonné par les archevêques et évêques, et que, dans les lieux où il n’y aura pas d’autres fonds, il puisse être imposé sur tous les habitants la somme qui manquera pour leur subsistance, jusqu’à celle de cent cinquante livres par an pour les maîtres et cent livres pour les maîtresses….


    donnent des notes d’inspection ainsi recueillies. Les enfants ont été examinés un à un, on a interrogé leur conscience. Ils ont leur note religieuse, mais aucune autre.

  1. Les mémoires des intendants se trouvent à la suite de ceux des évêques dans le volume cité plus haut.
  2. Dans ses Mémoires, où il a résumé sa vie administrative, N. J. Foucault, ne parle qu’une seule fois des écoles, c’est en 1687, après la Révocation. Il veut établir des maîtresses dans les principaux bourgs et villages du Poitou (Mém., Coll. des Doc. inéd., 1862, p. 209).
  3. Il faut « en même temps exciter le zèle des évêques pour l’établissement des écoles en tous lieux et recommander aux intendants de le procurer par les fonds qui se pourront prendre ou sur les deniers communs, ou par impositions, ou par les autres voies qu’ils jugeront les plus convenables et les moins à charge, et peut-être serait-il bon d’obliger tous les pères et mères indistinctement d’y envoyer leurs enfants pour ne point faire de différence odieuse et capable de renouveler dans l’esprit des nouveaux convertis des idées de séparations d’eux avec les anciens catholiques (Mém. de M. de Pontchartrain, dans J. Lemoine, o. c., 287 ; Bib. Nat., ms. fr., 7045, f° 140). Une note contemporaine ajoute une remarque intéressante : « Ces établissements ne peuvent être que très utiles, mais comme il y aurait de la difficulté à assujettir des personnes de certaine condition à envoyer leurs enfants à des écoles publiques de cette nature », on essaie d’y pourvoir (Le mémoire est de 1698).