Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/108

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viennent aider cette accumulation. Une touffe d'herbe, un caillou même suffit à retenir un peu de sable et à former un faible amas, un petit truc, suivant l’expression consacrée. Ce truc grandit, exhaussé par les sables qu’apporte encore le vent. La dune se forme. Elle a une pente douce du côté de la mer, car de ce côté vient le sable qui tend à remplir toute cavité, à s’arrêter contre tout obstacle et dont les grains glissent les uns sur les autres, les derniers poussés par-dessus les premiers. Cette pente varie de 7 à 20 degrés, soit de 20 % à 33 %. Du côté opposé, la masse prend un talus à terre coulante, soit, en moyenne, 30 degrés ou 60 %. En effet, à mesure que les nouveaux sables atteignent le sommet de la dune et le dépassent, ils entrent dans une zone abritée du vent, où ils n’obéissent plus qu’à la pesanteur qui leur fait prendre leur inclinaison naturelle d’éboulement.

Ainsi se constitue, parallèle à la côte, une première série de dunes d’un profil d’ailleurs très irrégulier. Mais forcément, ces dunes ne sont pas fixes. Le vent en fait ébouler la crête, il apporte aussi de nouveaux matériaux qu’il jette par-dessus ceux déjà entassés. Il grossit donc le versant est, et fait progresser de ce côté le talus à terre croulante. La dune s’éloigne donc du rivage en totalité, ou du moins pour la plus grande partie, et s’avance vers les terres en roulant sur elle-même. Car, le vent poussant les grains de sable les uns par-dessus les autres, ceux qui avaient été projetés d’abord le plus loin se retrouvent en arrière et à découvert après avoir été surmontés et dépassés par ceux chassés après eux. Ils sont alors repris par les vents, rejetés par-dessus les autres et ainsi de suite. Sur la place laissée par cette première série de dunes, au bord de la côte, et avec un intervalle plus ou moins grand qui est la lette, se forme, de la même manière, une autre série qui progresse vers les terres à la suite de la précédente et qui est à son tour suivie par une nouvelle. Il s’établit de la sorte plusieurs chaînes de dunes parallèles entre elles et au rivage. Au delà de ce système, en pleine lande, les ouragans, soulevant de grandes masses de sable, forment quelquefois des monticules isolés dits piqueys ou terriers, projetés çà et là comme des avant-coureurs du fléau. Telles sont, en Médoc, les dunes isolées de l’Hôpital de Grayan, de Vensac, et celles qui sont espacées depuis la Perge jusqu’à St-Isidore (Ricarde, Hon, Viney, etc.). Cependant pour ces piqueys du Médoc nous croyons devoir attribuer leur formation plutôt aux circonstances suivantes qu’aux ouragans. Ils se trouvent tous à l’est de lèdes vastes, mais couvertes d’une faible épaisseur de sable. Le vent a soulevé ce sable que les apports de la mer, peu abondants sur cette partie de la côte, ne suffisaient pas à renouveler. Il l’a accumulé contre quelques obstacles naturels du terrain et a formé ces petites dunes isolées dont le faible volume représente seulement les matériaux enlevés à la surface des lèdes sans adjonction d’apports marins.

Dans leur marche sous l’action des vents, les grains de sable ne font guère que rouler sur la surface du sol. Ordinairement, ils ne s’é-