Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/116

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Cazau, au sud du Bassin d’Arcachon, le voyageur peut s’égarer dans une solitude où se dressent des pins gigantesques, sans rivaux en France, et des chênes de plus de 10 mètres de tour,

» Mais presque tous ces bois, où de vieux titres nous montrent les seigneurs chassant le cerf, le sanglier, le chevreuil, furent abattus par les riverains imprévoyants ou brûlés par les pâtres ; les animaux lâchés dans les dunes, en broutèrent les herbes, en piétinèrent le sol ; les sables, redevenus libres, furent de nouveau soumis à l’action des vents d’ouest, qui sont les vents dominants de la côte. À chaque tempête, les crêtes des monticules au-dessus desquels la poussière tourbillonnait comme une brume, s’avançaient incessamment vers l'est ; les talus de sable croulant gagnaient les plaines de l’intérieur, et, dans leur marche, recouvraient landes et marais, villages et cultures. » (Nelle géographie universelle, La France. Chap. II.)

Il est certain que de nombreux abus de jouissance du fait de l’homme rendirent leur instabilité aux anciennes dunes déjà boisées, et que les invasions barbares, notamment, ravagèrent beaucoup de forêts.

L’ingénieur baron de Villers dit dans son Prospectus du projet général d'un port au bassin d’Arcachon (1779) : « On sait qu’il y avoit dans ces temps reculés une bien plus grande partie des dunes couvertes de bois que divers incendies ont détruites et qui n’ont pas été replantées…

» Le captal de Buch avoit déjà concédé des dunes et en avoit ensemencées lui-même en chênes et pinadas, son entreprise réussit supérieurement, déjà les arbres alloient produire, les sables commençoient à se fixer, mais des habitants mal intentionnés les incendièrent. Vraisemblablement la privation de pâturage dans les lieux semés à laquelle on les tenoit assujettis porta à cet excès ceux qui se trouvoient exclus de ce droit. »

L’inventaire de la terre de Lesparre en 1585 porte : « En front desquels lieux (le Verdon) est le pâturage des Cabans appartenant auxdits Seigneur et Dame, qui s’afferme à six vingt livres.

» Ils sont beaucoup gagnés par les sables de la mer. D’ailleurs comme étant un abord propre à toute heure et toute saison, abry et havre pour les navires, lointain et distant de six lieues du chasteau et ville de Lesparre, lesdits Saintongeois étrangers et malgré lesdits habitants de Soulac ont dégradé et dégarni de bois ledit lieu qui avoit été autrefois comme l’on dit, une belle fourest. »

Mais contrairement à l’opinion précitée, ces déboisements inconsidérés n’ont pas été la seule cause de formation des dunes. Ils n’en ont même été qu’une cause secondaire, une réunion d’accidents favorisant et accélérant le phénomène. La raison primordiale et principale de ce dernier réside dans l’apport des courants ma-