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Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/217

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duites à Soulac plutôt qu’ailleurs, parce que le sol y était plus qu’ailleurs apte à leur propagation. Encore doit-on observer que les végétaux ligneux spéciaux à la flore soulacaise se rencontrent uniquement dans les fonds où une couche peu épaisse de sable recouvre le sol primitif fertile, où, par conséquent, l’ensemble du terrain présente plus d’éléments nutritifs et d’humidité que dans les autres parties de la contrée. Quelques-unes de ces plantes pourraient bien. même provenir par semences ou par rejets des anciennes plantes qui étaient installées sur le sol primitif aujourd’hui ensablé. Le fait paraît certain pour quelques pieds de vigne sauvage qu’on trouve en forêt domaniale de Soulac, dans la parcelle de feuillus située entre le garde-feu du Sémaphore et la voie ferrée du Médoc. Il y avait la autrefois des jardins ; des ceps qui s’y trouvaient n’ont pas été trop ensablés où se sont d’eux-mêmes marcottés, et ils se retrouvent maintenant dans les plants redevenus sauvages que nous voyons grimper aux arbres de la forêt.

Les chênes pédonculés, tauzins et yeuses de la forêt de Soulac et des Monts d’Hourtin et de Carcans présentent, nous l’avons dit, le même fait de perpétuation de forêts anciennes, préexistantes aux dunes. À Soulac, le chêne vert s’est propagé beaucoup, bien plus que ses congénères, à cause de son tempérament rustique qui lui permet de supporter les fortes chaleurs de l’été, même sur un sol pauvre et aride. Il se répand sur des sables où il n’avait jamais existé auparavant. Du côté du Verdon, ainsi que nous l’avons signalé, il est nettement envahissant et tend à éliminer le pin maritime. Cette substitution d’essence s’explique, parce que le chêne vert croit aisément sous le couvert léger des pins et d’autant plus que ceux-ci sont plus grands et plus espacés ; il y forme par places d’épais fourrés. Dans ces fourrés, les semis naturels des pins ne lèvent pas ou, s’ils y parviennent, les jeunes résineux périssent vite étouffés sous le feuillage épais et persistant de l’yeuse. Les grands pins abattus, on n’aura donc plus qu’un taillis de chêne vert. Tant que ce taillis sera clairiéré, le pin se reproduira dans les clairières ; mais si ces clairières sont remplies par le feuillu, la substitution d’essence sera complète. Le sylviculteur doit donc là, s’il veut maintenir le mélange des pins et des chênes, savoir conduire son peuplement. Il devra notamment, lors de l’exploitation des grands pins et de la production des semis, éclaircir fortement les feuillus pour permettre aux graines de lever, puis aux jeunes pins de croître et de prendre leur essor. Dans les parcelles des dunes soulacaises où les feuillus sont purs ou presque sans mélange de résineux, ils forment des arbres dont les plus âgés sont trapus, très branchus et courts de fût ; parmi, se trouvent des gaules et des perches souvent peu droites, appelées à les remplacer, mais en petit nombre ; des morts-bois, tels que troènes, ronces, ajoncs, couvrent le sol et constituent des fourrés impénétrables qui empêcheront sûrement, si on ne les détruit, la régénération par semis naturel des grands arbres feuil-