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lus. Dans les Monts d’Hourtin, les trois espèces de chênes sont en proportion presque égale, la plupart sont d’âge avancé (150 à 200 ans) également trapus et pourvus d’une puissante ramure. Les jeunes brins sont rares, bien trop pour le remplacement futur des vieux arbres. En mélange avec les chênes se trouvent, suivant les endroits, des bouleaux ou des pins maritimes. Le sous-bois est constitué par d’épais fourrés d’ajoncs, de bruyères, de ronces et de houx, ou par d’abondantes fougères.

Au Mont de Carcans, la forme des arbres et la composition du peuplement sont semblables. Dans le sous-bois, plus clair peut-être, figure l’arbousier, qui n’est spontané nulle part ailleurs. Rappelons encore ici que ces Monts sont des dunes anciennes, dont le sable a été fertilisé par l’humus accumulé depuis des siècles et s’imprègne de l’eau des marais ou des étangs contigus.

Tout au bord de ceux-ci et ne faisant partie qu’accidentellement, pour ainsi dire, de la flore des dunes, sont l’aune et l’osmonde royale, qui ne supporteraient pas autrement la sécheresse habituelle du sable.

La distribution de tous ces végétaux dans les diverses parties des dunes dépend donc du terrain, de ses qualités chimiques et de ses propriétés physiques.

Il est une autre répartition des plantes des dunes à envisager, celle qui les divise pour tout le Médoc en deux grandes catégories : plantes littorales croissant tout au bord de la mer, et plantes qui s’en tiennent toujours à une certaine distance. Les premières sont presque exclusivement herbacées ; la dune littorale et les lèdes non boisées adjacentes constituent à elles seules leur habitat. Ce sont : le gourbet, le panicaut, le liseron soldanelle, la roquette de mer, l’immortelle, etc. Si quelques végétaux arbustifs croissent à côté d’elles, ils n’affrontent pas la dune littorale, se cantonnent dans la lède contiguë, et encore leur préférence pour ce voisinage de l’océan n’est-elle due peut-être qu’à l’absence d’arbres et de couvert en ces endroits, puisqu’on peut les retrouver sur les lèdes de la région orientale des dunes et même là où la lande commence ; tels sont le genêt d’Angleterre et le saule rampant. Franchement indifférent par contre est le carex des sables, qui pousse ses stolons rayonnants aussi bien sur les plages de l’étang d’Hourtin que sur celles de la mer. Dans les plantes de la seconde catégorie, celles qui ne peuvent croître qu’à quelque distance du rivage maritime, sont tous les arbres et les principaux arbustes que nous avons nommés ; cependant le genêt à balai et la grande bruyère s’avancent encore assez prés de la dune littorale, intermédiaires entre les arbres proprement dits des grandes dunes et les herbes de la plage. Ainsi, de même qu’en descendant des hauts sommets des montagnes vers les vallées, on ne trouve d’abord que les herbes des pâturages alpestres, puis de petits arbrisseaux rampants, ensuite des arbustes. puis des arbres rabougris, buissonnants et tortueux, puis enfin seulement les grands arbres droits de la forêt ; de même, en quittant la plage