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bonds de côtes, épaveurs et bandits, qu’on appelait encore vagans (vagantes) au XVIIIe siècle.

Remarquons enfin qu’on nomme toujours tædas, dans la lande, les éclats de bois résineux qu’on utilise comme luminaire, et bien des chaumières s’éclairent encore de nos jours comme du temps d’Ausone.

À l’époque que nous considérons, une révolution religieuse s’accomplissait. Le christianisme était prêché un peu partout et la pointe Médulienne renfermait un de ses premiers foyers. Après la mort du Christ, une faible barque avait abordé aux environs de Noviomagus ; il en était descendu deux hommes et une femme nommés : Martial, Amadour et Véronique. Cette dernière s’était établie vers l’extrémité de la presqu’île et y avait bâti, au bord de la Gironde, un modeste oratoire en l’honneur de la Vierge. Autour de cet oratoire s’étaient groupés peu à peu des chaumières qui formaient le village de Soulac, Vers le même temps. St-Pierre ayant été martyrisé à Rome, Amadour avait bâti en l’honneur du chef des Apôtres, une église appelée dans les vieux titres : Sanctus Petrus in ligno, ce qui dans l’idiome local est devenu : Saint-Pierre de Lignan ou de Lihnan puis de Lilhan ou Lillan (l’h précédé ou suivi d’un n se prononçant en gascon comme g). Son ancienneté lui a valu d’avoir toujours le premier rang parmi les paroisses de l’archiprêtré de Lesparre. Elle se trouvait à 6 km environ au sud de Soulac, dans la grande lède du nom, à peu près sur le passage du chemin actuel de Soulac à Grayan, ou fort peu à l’ouest, en tout cas loin de la mer qui n’a pu l’ensevelir. En effet, on lit dans un pouillé de 1648 : « Ecclesia (Lilhan) est deserta et cooperta aquis. » Si c’eût été l’océan qui eût englouti cette église, on n’aurait pas dit qu’elle était déserte, on aurait simplement mentionné sa disparition. Les mots deserta et cooperta aquis ne peuvent s’expliquer que par l’envahissement des sables et des eaux douces qu’ils poussaient devant eux. Après avoir couvert Lilhan, ces eaux et ces sables l’ont dépassé et laissé derrière.

La carte de Blaw porte ces mois : Paroisse de Lilhan qui a été couverte des sables un peu à l’ouest du chemin de Grayan à Soulac.

En 412 eut lieu l’invasion des Vandales. Les Visigoths leur succédèrent (418-507), puis les Francs.