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Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/45

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VIe Siècle.


Il est constant qu’à la fin du VIe siècle, l’Aquitaine fut ravagée par d’effrayants cataclysmes. L’historien Aimoin (950-1008), dans son ouvrage de Gestis Francorum (lib. m, cap, xxxii), raconte ainsi un de ces phénomènes qui affecta en l’an 580 la Gaule et surtout le bassin pyrénéen ; « Tunc quoque fulgur per cœlum cucurrisse visum est ; sonitusque tanquem ruentium arborum per totam pene terram auditus… Burdigalensis civitas terræ mutu concussa est… et de Pyrenæis montibus immensi lapides sunt evulsi ; quibus immensa pecudum hominumque multitudo percussa interiit… Ventus auster tam violens fuit ut sylvas prosterneret domos et sepes cerneret hominesque usque ad internecionem volutaret… »

Les historiens de la Gaule signalent un débordement de la Garonne en 580. D’après Grégoire de Tours, il y eut cette année-là un tremblement de terre et huit inondations ensuite de 580 à 592. La Chronique bordeloise signale en 574 un tremblement de terre qui est vraisemblablement celui de 580.

La tradition locale, dans le Médoc, garde le souvenir du déluge de l’an 600. Ermoaldus Niger, chroniqueur carolingien, le place entre le VIIe et le IXe siècles. La date de 580 paraît, somme toute, la plus plausible.

Ces convulsions cosmiques provoquèrent un grand changement dans le pays. Les rives océaniques, battues par les courants nouveaux, devinrent inabordables et dangereuses de calmes et accessibles qu’elles étaient ; l’océan les corroda et y rejeta des sables ; les estuaires et embouchures des cours d’eau s’obstruèrent ; l’entrée des golfes se rétrécit, les ports maritimes se perdirent. Les marais et les étangs littoraux allaient s’ébaucher bientôt, grâce aux dunes en création. C’est en effet de cette époque qu’on doit faire dater, nous le verrons, les variations des côtes et la formation des dunes.

Le rivage maritime de Gascogne, devenu inhospitalier, fut abandonné par le commerce. Celui-ci se reporta sur, le fleuve. Un port se creusa à Soulac remplaçant Noviomagus perdue. Car cette cité disparut sans nul doute en ce temps-là, emportée par les cataclysmes de l’an 5S0. « Noviomagus, dit Baurein, trop voisin de la mer et situé sur la côte occidentale du Médoc, éprouva la rigueur des flots. C’est ce qu’on peut penser de plus vraisemblable sur le sort de cette ancienne ville, s Sa destruction eut-elle lieu tout d’un coup par l’effet de quelque formidable tempête, ou bien la ruine vint-elle petit à petit, amenée par les progrès de la mer sur le continent ? Il est impossible de le préciser. Cette disparition dut être précédée