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(toutes ces dénominations se trouvent sur les anciennes cartes), est moins détaché de la terre ferme et moins affaissé qu’aujourd’hui. Vis-à-vis du rocher, la dune qui porte maintenant le sémaphore est à peu près constituée. Elle s’appelle Montagne de Jean du Saud, la plus haute de toutes. (carte de Magin 1771).

Du côté de la Gironde, le mouvement d’exhaussement et de colmatage du sol se poursuit. Les marais du Logis sont définitivement séparés du fleuve par un cordon de sables et ne s’y déversent plus que par un étroit chenal,existant encore, qui débouche près du Verdon. La vaste plaine, à l’est de Soulac, est encore très marécageuse, mais les prairies s’y substituent peu à peu aux marais.

À cette époque, on bâtit la chapelle du Verdon pour assurer les secours de la religion aux marins faisant escale dans la rade. Elle est édifiée en 1731 et placée sous le vocable de Notre-Dame de Bonsecours et St  Louis. Les sommes nécessaires pour son érection, son entretien et les émoluments du chapelain, sont d’abord fournies par une taxe créée en 1712 sur les navires sortant de la Gironde. Puis, en 1731, un arrêt du Conseil supprime cette taxe et met l’entretien de la chapelle et du chapelain à la charge de la caisse de Cordouan. Tout cela n’a pas lieu sans protestations de la part des bénédictins de Ste -Croix, seigneurs de Soulac, et « curés primitifs et décimateurs » de toute la paroisse, qui s’écrient dans un mémoire rédigé vers 1710 : « Et voilà d’abord une autre paroisse succursale établie dans un hameau où il y a des huguenots en plus grand nombre, il n’y a que des cabaretiers où on fait de grandes débauches. »

Disparation de Soulac. — C’est vers le milieu du XVIIIe siècle que disparaît le bourg de Soulac. Nous l’avons vu, au siècle précédent, réduit de moitié, n’occupant plus que l’emplacement situé à l’est de l’église. À l’époque dont nous parlons, les sables l’envahissent de plus en plus et les habitants sont contraints les uns après les autres d’abandonner leurs maisons englouties. Ils vont fonder le Jeune Soulac. La mémoire que nous citions tout à l’heure au sujet de la chapelle du Verdon dit : « Les 2/3 des maisons et terres du bourg de Soulac sont déjà dans le sable, la grande église en est déjà entourée et humide. »

L’ensevelissement de la basilique est assez lent, en raison des dimensions de l’édifice. Dès le début du siècle, le seuil du portail, ouvert dans le mur occidental au XIVe siècle, s’élevait de 1 mètre au-dessus du dallage intérieur. Le sable menaçant la façade et les côtés, on remblaye le sol intérieur et la porte du XIVe se trouve de plain-pied avec celui-ci. Plus tard, le flot de sable montant toujours, on mure cette porte et l’on ménage une entrée dans le transept nord. Mais les sables finissent par envahir ce point lui-même et restent maîtres de l’édifice que prêtres et habitants doivent abandonner.

Par acte passé à Soulac le 16 février 1744, par-devant Me  Cruon,