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pluies sont très abondantes. Il faut aussi remarquer que, dans les montagnes, les sources se trouvent fréquemment au sommet des premières éminences de la chaîne ; cela tient, d’une part, à ce que ces éminences sont le siège de pluies fréquentes, et, d’autre part, à ce qu’ayant été dénudées par les pluies, tandis que les vallées étaient graduellement comblées, elles possèdent une grande quantité de fissures par lesquelles l’eau des nappes sous-jacentes s’échappe aisément, tandis qu’elle trouve mille difficultés à le faire dans le fond des vallées, où la nappe est située beaucoup plus profondément. Le comblement des vallées et la profondeur des nappes aqueuses qui s’étalent au-dessous d’elles expliquent encore pourquoi, dans la plupart des cas, les puits qu’on y creuse présentent des alternatives de plénitude et de sécheresse presque absolue. Dans la petite vallée située entre les coteaux de Montmorency et ceux d’Écouen, vallée arrosée par le ru du Rhône, on trouve le sable de Fontainebleau à 1 mètre au-dessous de la surface. Ce sable est imprégné d’eau ; à certains moments, l’on ne peut le creuser de 1 mètre sans être arrêté par l’eau qui s’accumule dans le puits. On pourrait croire, d’après cela, que les puits n’exigent qu’une faible profondeur. Il n’en est rien cependant ; pour avoir de l’eau d’une façon constante, il faut descendre à 20 et 25 mètres de profondeur, c’est-à-dire jusqu’à la surface de l’argile sous-jacente au sable. On trouve à cette profondeur une nappe d’eau qui a normalement 1 ou 2 mètres d’épaisseur. Mais, à de certaines époques, après de grandes pluies, les puits se remplissent tout à coup au point de déborder. Cela dure pendant quelques heures, puis tout rentre dans l’ordre. Afin d’éviter ces accidents, on est obligé de ménager dans les parois des puits des issues permettant à l’eau de se répandre dans la couche sableuse.

Un caractère important distingue donc les réservoirs souterrains des ruisseaux et des rivières de la surface ; tandis, que dans ces derniers, l’eau coule toujours de haut en bas, dans les premières, elle peut aussi bien monter que descendre, parce qu’elle se comporte comme dans des vases communicants et aussi parce qu’elle est sollicitée par la capillarité dans des directions très variées.

En cheminant à travers le sol, l’eau désagrège et dissout un très grand nombre de matières. Son action destructive est encore facilitée par l’air et l’acide carbonique qu’elle tient en dissolution, et aussi par la température élevée qu’elle atteint dans toutes les régions où elle se trouve en contact avec des foyers volcaniques. Il est, en effet, important de remarquer que c’est seulement au voisinage des volcans actifs ou éteints que l’on trouve des sources chaudes. Ce fait vient bien à l’appui de l’opinion des géologues qui nient l’existence d’un noyau incandescent et qui admettent seulement la présence, dans divers points du globe, de foyers caloriques produits par des actions électriques ou chimiques. Il semble que, s’il existait un noyau central incandescent, on devrait trouver partout des sources chaudes, car partout