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Sulfate de chaux déposé par l’eau. Certaines sources déposent de grandes quantités de sulfate de chaux ; je me borne à citer ici les sources classiques, à cet égard, d’Aix en Savoie et de l’Islande. L’eau se charge d’acide sulfureux dans les parties profondes du sol ; puis elle traverse des calcaires que l’acide sulfureux transforme, au contact de l’oxygène, en sulfate de chaux ; l’eau dissout alors le sulfate de chaux, et l’entraîne à la surface de la terre. Rappelons encore qu’un grand nombre de sources chaudes tiennent en dissolution de la silice qu’elles déposent en se refroidissant à la surface du sol. Dans les Açores, l’île de Saint-Michel est célèbre par les sources chaudes et très riches en silice du val de Fumas. Les sources sortent de roches volcaniques et déposent d’énormes quantités de silice dont l’aspect rappelle celui de l’opale. Plus célèbres encore sont les sources chaudes et siliceuses de l’Islande, connues sous le nom de geysers. Elles jaillissent du sol en jets qui s’élèvent à plusieurs mètres de haut et qui retombent dans des bassins tapissés d’une couche épaisse de silice ayant l’apparence de l’opale. La précipitation de la silice tenue en dissolution par l’eau de ces sources serait due, d’après Faraday, non seulement au refroidissement de l’eau dont la température est, à la sortie, de plus de 80 degrés centigrades, mais encore à ce que la dissolution de la silice serait favorisée par la présence dans les eaux d’une assez forte proportion de soude ; au contact de l’atmosphère, la soude se combinerait avec l’acide carbonique de l’air et la propriété dissolvante de l’eau vis-à-vis de la silice serait diminuée au point que la silice ne pourrait plus être maintenue en dissolution.

Sédiments déposés par les fleuves. Quelque importants que soient les dépôts formés par les eaux des sources, ils le sont infiniment moins que ceux dont on peut observer la formation le long des fleuves et surtout à leurs embouchures. Nous avons déjà insisté plus haut sur l’énorme quantité de matériaux de toute sorte, que les pluies, les torrents, les ruisseaux, les rivières et les fleuves arrachent à la surface du sol, et qu’ils entraînent, soit à l’état de dissolution, soit à l’état de suspension dans l’eau. Les rivières et les fleuves reçoivent encore un grand nombre de matières en dissolution qui leur sont apportées par les sources et qu’ils portent à la mer. Ce n’est, en effet, qu’une très minime partie des sels tenus en dissolution par les sources froides ou chaudes, qui sont déposées sur le trajet du cours de ces sources ; la majeure partie reste en dissolution et gagne la mer. Cela est vrai pour le carbonate de chaux et de magnésie, pour les sels de fer, pour les silicates, pour le chlorure de sodium, etc. Ces sels déversés en énorme quantité dans les mers par les eaux des fleuves, donnent à la mer la saveur salée qui est si caractéristique de ses eaux. Certaines sources sont presque saturées de chlorure de sodium qu’elles entraînent à la mer ; parmi les plus célèbres, je citerai celles de Cheshire, de Northwich, de Lancashire et de Worcestershire, en Angleterre, qui jaillissent de terrains riches en dépôts de sel gemme. Ces sels se déposent dans le fond des mers, surtout dans celui des mers intérieures. On sait, par exemple, que l’eau de