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taine importance préparaient déjà l’état de choses qui atteindra sa perfection pendant les périodes subséquentes.

Période crétacée. Cette opinion est confirmée par la nature des formations crétacées qui succèdent à celles du jurassique. Rien n’est plus variable que les dépôts formés pendant la période crétacée. Tantôt ils sont représentés par la craie blanche à écrire, riche en rognons de silex, tantôt ils sont constitués par des grès, ou bien par des argiles, ou même par des calcaires marneux. Ces différences dépendent de la façon dont les dépôts ont été effectués, mais partout les formations crétacées offrent, comme celles du jurassique, les caractères de dépôts marins ; les fossiles terrestres y sont rares, et proviennent, sans aucun doute, de végétaux entraînés par les fleuves et déposés sur les rivages des mers. Pendant cette période, les organismes vivants progressent d’une façon remarquable. Parmi les végétaux, on voit apparaître les premières dicotylédones angiospermes, tandis que parmi les animaux commencent à se montrer les poissons osseux. Mais on ne trouve dans le crétacé que peu de restes d’animaux terrestres. Les reptiles de transition commencent à disparaître, tandis qu’apparaissent de véritables crocodiles et des iguanes herbivores. Tout permet de supposer que les mers étaient plus profondes que pendant la période jurassique, qu’elles étaient plus vastes et qu’elles ont persisté assez longtemps dans le même état pour qu’une grande partie des fossiles marins aient été détruits, tandis que les animaux terrestres, pourrissant en plein air, ne laissaient aucune trace de leur passage sur les continents. À plusieurs reprises déjà nous avons attiré l’attention du lecteur sur ce fait que dans la recherche des monuments des âges primitifs de notre globe, on doit s’attendre à retrouver presque uniquement ceux qui ont été conservés par les eaux. C’est ainsi que la majorité des anciennes espèces terrestres ont disparu, tandis que la mer nous a conservé, sinon la totalité, du moins une grande partie de celles qui l’ont habitée pendant les diverses périodes de l’histoire de notre globe.

Phase tertiaire. La troisième phase de la terre ou phase tertiaire, est remarquable parce que les continents prennent, pendant sa très longue durée, la disposition et les reliefs qu’ils présentent de nos jours et parce que les organismes vivants atteignent graduellement une perfection qu’ils n’ont pas beaucoup dépassée, tandis que la plupart des formes anciennes et des espèces de transition disparaissent. C’est pendant la phase tertiaire que s’effectue ou que s’achève le soulèvement de la plupart des grandes chaînes de montagnes qui hérissent aujourd’hui le globe : les Pyrénées, les Alpes, le Caucase, les Karpathes, l’Himalaya, les Cordillères ; c’est aussi pendant cette phase que les continents actuels achèvent d’émerger, qu’un grand nombre d’îles des époques précédentes se trouvent unies aux continents, tandis que certaines portions de ces derniers, comme l’Angleterre, se trouvent isolées en îles indépendantes. La conséquence de changements aussi considérables dans les con-