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expériences plus recherchées semblent prouver que la lumière augmente de chaleur à mesure qu’elle traverse une plus grande épaisseur de notre atmosphère. »

Un autre fait l’a frappé et lui sert à distinguer la chaleur de la lumière : « Ce qui mettrait encore, dit-il[1], une différence bien essentielle entre ces deux modifications de la matière, c’est que la chaleur qui pénètre tous les corps ne parait se fixer dans aucun et ne s’y arrêter que peu de temps, au lieu que la lumière s’incorpore, s’amortit et s’éteint dans tous ceux qui ne la réfléchissent pas, ou qui ne la laissent pas passer librement. »

Il distingue encore le feu de la chaleur : « Le feu qui ne paraît être à première vue, dit-il[2], qu’un composé de chaleur et de lumière, ne serait-il pas encore une modification de la matière qu’on doive considérer à part, quoiqu’elle ne diffère pas essentiellement de l’une ou de l’autre, et encore moins des deux prises ensemble ? »

Enfin il suppose que tous les corps qui ont reçu de la chaleur, de la lumière ou du feu augmentent de poids, puisque les « particules de lumière et de chaleur » se sont mêlées à leur matière.

En résumé, pour Buffon, la chaleur et la lumière représentent un état particulier de la matière, caractérisé par une division plus ou moins grande des parties constituantes. Quant à l’électricité et au magnétisme, il en parle tantôt comme de « forces de la nature », tantôt comme de « fluides ». Je lis en un point[3] : « En général la force magnétique n’agit que sur le fer ou sur les matières qui en contiennent ; de même la force électrique ne se produit que dans certaines matières, telles que l’ambre, les résines, les verres et les autres substances qu’on appelle électriques par elles-mêmes, quoiqu’elle puisse se communiquer à tous les corps. » Mais à la même page, il dit : « Les phénomènes électriques que nous pouvons produire augmentent en effet ou diminuent de force, et même sont quelquefois totalement supprimés, suivant qu’il y a plus ou moins d’humidité dans l’air, que le fluide électrique est plus ou moins répandu dans l’atmosphère, et que les nuages orageux y sont plus ou moins accumulés. De même les barres de fer, que l’on veut aimanter par la seule exposition aux impressions du magnétisme général, acquièrent plus ou moins promptement la vertu magnétique, suivant que le fluide électrique est plus ou moins abondant dans l’atmosphère ; et les aiguilles des boussoles éprouvent des variations, tant périodiques qu’irrégulières, qui ne paraissent dépendre que du plus ou moins de force de l’électricité de l’air. »

Tout cela manque singulièrement de précision. « Fluide magnétique, fluide électrique, vertu magnétique, force électrique ou magnétisme » sont des termes vagues et contradictoires ; « une force et une vertu » ne peuvent pas

  1. Introduction à l’histoire des minéraux, t. II, p. 224.
  2. Ibid., t. II, p. 227.
  3. Traité de l’aimant et de ses usages, t. IV, p. 89.